L’impôt et le droit de suite : Article 1745

En matière fiscale, le législateur a prévu des mécanismes pour lutter contre la fraude et assurer le recouvrement des impôts dus par les contribuables. Parmi ces dispositifs, l’article 1745 du Code général des impôts (CGI) institue un droit de suite en faveur de l’administration fiscale. Cet article permet à l’État de protéger ses intérêts et d’assurer une meilleure efficacité dans la perception des impôts.

Les principes de base du droit de suite

Ce droit, prévu par l’article 1745 du CGI, concerne les impositions de toute nature et permet à l’administration fiscale d’exercer son contrôle sur les transferts de propriété d’un bien ou d’un ensemble de biens. Il s’agit d’un mécanisme qui confère à l’État un privilège sur les biens dont la cession a généré une dette fiscale non réglée. Ce privilège est attaché aux biens transférés et se poursuit entre les mains du nouvel acquéreur.

L’objectif principal du droit de suite est d’assurer le recouvrement des impôts dus par les contribuables en cas de transfert de propriété. Il permet également de prévenir la fraude fiscale en dissuadant les cédants potentiels d’échapper à leurs obligations fiscales en cédant leurs biens à des tiers. Enfin, le droit de suite vise à protéger les intérêts de l’État en garantissant une plus grande efficacité dans la perception des impôts.

Les conditions d’application du droit de suite

Pour que le droit de suite puisse être exercé par l’administration fiscale, plusieurs conditions doivent être réunies.

Tout d’abord, il convient de souligner que le droit de suite s’applique uniquement aux transferts à titre onéreux. Cela signifie qu’il ne concerne pas les transferts gratuits tels que les donations ou les successions.

Ensuite, le droit de suite ne peut être exercé que si la dette fiscale en cause est certaine, liquide et exigible. Ainsi, le contribuable doit avoir été mis en demeure de payer et n’avoir pas contesté l’imposition dans les délais prévus par la loi.

Par ailleurs, le nouvel acquéreur doit avoir été informé du privilège attaché au bien avant la cession. Cette information est généralement portée à sa connaissance par l’intermédiaire d’un acte notarié ou d’une clause insérée dans l’acte de cession.

Les modalités d’exercice du droit de suite

Lorsque les conditions précitées sont remplies, l’administration fiscale peut exercer son droit de suite pour recouvrer les impôts dus. Pour ce faire, elle dispose d’un délai maximum de 3 ans à compter de la date de la cession du bien.

Le droit de suite est exercé par voie d’inscription d’une hypothèque légale sur le bien concerné. Cette inscription doit être effectuée auprès des services de la publicité foncière territorialement compétents et permet à l’administration fiscale d’assurer son privilège en cas de vente du bien par le nouvel acquéreur.

Enfin, il convient de noter que le droit de suite peut être levé si le nouvel acquéreur s’acquitte volontairement des impôts dus par le cédant. Dans ce cas, l’administration fiscale doit procéder à la radiation de l’hypothèque légale inscrite sur le bien.

L’importance du droit de suite pour lutter contre la fraude fiscale

L’article 1745 du CGI constitue un instrument essentiel dans la lutte contre la fraude fiscale. En effet, il permet à l’État de sécuriser ses recettes et d’éviter que les contribuables ne se défaussent de leurs obligations fiscales en cédant leurs biens à des tiers. De plus, il conforte les intérêts du Trésor public en garantissant une meilleure efficacité dans la perception des impôts.

Toutefois, il convient également de souligner que le droit de suite peut parfois porter atteinte aux droits du nouvel acquéreur, qui se retrouve contraint d’assumer les dettes fiscales du cédant. C’est pourquoi il est primordial que ce dernier soit dûment informé du privilège attaché au bien avant la cession.

En conclusion, l’article 1745 du CGI est un outil indispensable pour lutter contre la fraude fiscale et sécuriser les recettes de l’État. Il permet à l’administration fiscale d’exercer un contrôle sur les transferts de propriété et de garantir une meilleure efficacité dans la perception des impôts. Toutefois, il convient de veiller à ce que les droits des parties soient respectés et que les contribuables soient bien informés des conséquences fiscales attachées à leurs transactions immobilières.